Aliénor d’Aquitaine, la femme qui voulut être roi, échoua puis devint plus encore.

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Ma lecture d’avril : « La révolte » de Clara Dupont-Monod

L’histoire

La révolte, c’est un moment de la vie tumultueuse d’une reine étonnamment moderne pour le treizième siècle, à travers le récit d’un fils bien-aimé, Richard Cœur de Lion, soucieux d’expliquer les événements qui ont mené sa mère à se venger de leur père.

Ambitieuse, belle (sa beauté sera célébrée dans Carmina Burana), aimée du peuple, protectrice des arts et des lettres, la duchesse d’Aquitaine et comtesse de Poitiers refuse qu’on la cantonne au rôle réservé aux femmes nobles de l’époque, à savoir faire-valoir ou objet de transaction.

Mariée à 14 ans, elle multipliera les aventures extra-conjugales. Sa réputation en prend un coup, mais elle n’en a cure, au grand dam de l’Église. Sa conduite, ses tenues jugées indécentes, ses goûts luxueux dérangent la cour. De même que son courage et son audace : durant son mariage, elle participera à la deuxième croisade.

Son mariage avec Louis, roi de France, sera annulé sous prétexte de consanguinité (après 15 années d’union tout de même !). C’est elle qui répudie Louis, acte totalement impensable pour l’époque !

Puis, elle épousera Henry le Plantagenêt, de onze ans son cadet, dont la consanguinité avec elle, pour l’anecdote, est plus élevée encore qu’avec Louis. Persuadée que son plus jeune âge le rendra malléable, elle sera consternée par son ambition dévorante. Après le décès de son premier fils Guillaume, l’infidélité notoire d’Henry la contrarie. Elle lui reproche non pas de la tromper, car elle ne s’en prive guère de son côté, mais d’être tombé amoureux de Rosemonde de Clifford, avec laquelle il s’exhibe publiquement.

De plus, Henry fait assassiner Thomas Becket, très proche de ses fils, dans la cathédrale de Cantorbéry en 1170.

Dès lors, elle mène à bien une terrible vengeance. Aliénor va inciter ses fils à se rebeller contre leur père. S’ensuit une guerre effroyable au cours de laquelle elle obtiendra le soutien de son premier mari, qui se dégonflera néanmoins sans s’être battu dès lors que tout semble perdu.

La révolte échouera, Aliénor sera emprisonnée durant 15 ans, libérée à contrecœur, puis mise sous liberté surveillée jusqu’au décès d’Henry.

À la mort de Richard, elle prendra fait et cause pour son dernier fils, Jean sans Terre.

Elle sera inhumée à l’abbaye de Fontevraud, en compagnie de son pire ennemi, Henry.

Mon avis

J’aime beaucoup les récits historiques, mais j’avoue que celui-ci m’a fascinée. La modernité et l’opiniâtreté d’Aliénor m’ont impressionnée. L’enjeu des batailles sanglantes était si bien expliqué qu’aucune ne m’a paru ennuyeuse.

Je retiendrai surtout de cette lecture le combat d’une femme qui a su s’imposer et se faire respecter dans un monde d’hommes.

Bien sûr, le récit a été romancé, mais l’essentiel de la personnalité d’Aliénor est attesté par des faits historiques.

Le roi Louis m’a émue. Amoureux fou d’Aliénor, il ne cessera de soutenir ses projets, de la protéger ainsi que ses enfants. Il ne réussira jamais à l’oublier.

Le destin tragique d’Aélys, promise à Richard mais violée à 12 ans par Henry Plantagenêt, acte odieux rendant le mariage impossible, m’a révoltée.

La passion de Richard pour sa mère m’est apparue obsessionnelle, presque incestueuse. J’ignore s’il s’agit d’un parti pris de l’auteure ou de la réalité historique.

L’auteure

Clara Dupont Monod, est journaliste, chroniqueuse culturelle, romancière, spécialiste du vieux français et du monde médiéval. Son premier roman sur Aliénor racontait les tribulations de son premier mariage avec Louis VII de France.

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