Avis de lecture : En sacrifice à Moloch, de Asa Larsson

Coucou les amis, je me suis faite plus rare ces derniers temps, absorbée par les corrections, relectures, et passages retravaillés de mon troisième tome. Du coup, j’ai ouvert moins de bouquins.

Mon coup de cœur récent ? En sacrifice à Moloch, de Asa Larsson. Un livre inclassable, pas vraiment un polar, un mélange de genres, à mi-chemin entre roman historique et enquête policière, le tout porté par une écriture souvent poétique et une réflexion profonde sur la société, ses inégalités et l’avidité qu’elle encourage. Vous l’avez deviné, j’ai adoré !

Résumé

Dans la commune de Kiruna, en Laponie, un fermier voit son chien dévoré par un ours énorme. La battue aboutit vite à son exécution. Dans son estomac, on découvre une main et des os humains.

Peu après, Sol-Britt, une femme à la réputation sulfureuse, est retrouvée morte dans son lit, criblée de coups de fourche. Son petit-fils Markus réussit à se cacher.

L’enquête révèle que la main trouvée dans la panse de l’ours n’est autre que celle du père de Sol-Britt, Franz Uusitalo, dont le petit-fils avait été écrasé, trois ans plus tôt, avant d’échouer dans un fossé. Le tueur cherche à présent à s’en prendre à Markus.

L’enquêtrice Rebecka Martinsson se fait souffler l’affaire de l’assassinat de Sol-Britt par son collègue incompétent et prétentieux, Carl von Post. Furieuse, elle se met en congé et poursuit ses investigations, aidée par Krister, un policier défiguré lors d’un incendie et fou amoureux d’elle.

Mon avis

L’auteure tisse un récit remarquable où s’entrecroisent les destins d’une famille, d’une ville, mais aussi des haines de classe.

Cette partie historique, écrite au présent, alors que l’enquête est rédigée au passé, donne toute sa saveur à la narration. J’ai aimé la description de la Suède au début du XXe siècle.

Elena Petterson, institutrice féministe, tombe amoureuse de Hialmar Lundbohm, surnommé le roi sans couronne de Laponie. Il dirige la principale compagnie minière et fonde la ville de Kiruna. Cet homme très riche et influent, séduit par la beauté, l’instruction et la modernité d’Elena, en devient l’amant. L’enseignante partage le logement de sa gouvernante, fiancée à l’un des mineurs de l’exploitation, ce qui permet à l’auteure de lever le voile sur les conditions de vie difficiles des gens de maison et du personnel ouvrier de l’époque. Elena tombe enceinte, puis sera assassinée, comme tout le reste de sa lignée apparemment maudite.

Le rythme du livre est lent, surtout au début, mais de nouveaux éléments intrigants viennent constamment titiller notre curiosité. Une certaine légèreté tempère la cruauté omniprésente dans cet univers glacial et enneigé.

Un roman impressionnant de maîtrise que je recommande chaudement !

Quelques citations

« Les jolies femmes sont une denrée rare à Kiruna. Non qu’elles soient vieilles. Kiruna est une ville nouvelle habitée par une population jeune. Mais la dureté de l’existence dans cette région a vite fait de marquer leurs traits. Les filles perdent leurs joues rondes. Elles s’habillent avec des vêtements d’homme et s’emmitouflent dans des châles en grosse laine pour lutter contre le froid. Les épouses d’ingénieur ont bien les joues pleines et roses mais elles ne se promènent pas dans la rue comme les femmes de Stockholm. L’été, il y a trop de moustiques et l’hiver, il fait trop froid. Alors elles restent enfermées chez elle à faire du gras. »

« Qui aime la perfection ? L’amour ne va pas sans le dévouement et le dévouement ne peut s’attacher qu’aux imperfections de l’être aimé, à ses blessures, à sa folie. L’amour veut combler les manques et la perfection n’a pas besoin d’être comblée. Une personne parfaite, on ne l’aime pas, on la vénère. »

« Du temps de ma grand-mère, on ne verrouillait jamais une porte. Et quand on sortait de chez soi, on posait le balai devant la porte pour éviter aux visiteurs assoiffés de monter jusqu’à la maison depuis la route pour rien. Comme ça, ils pouvaient voir à distance qu’il n’y avait personne. »

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